Fuck de Laurent Chalumeau, Grasset. 1991.

Le sacré, le Cul, la haine raciale… les 3 axes qui ont permis à l'Amérique d'accoucher du Rock & Roll. Le reste appartient à l'imagerie légendaire dont on fait les cartes postales. Les panneaux publicitaires pour Marlboro qui lèchent les glissières de sécurité des highways sans fin , les Levi's, le Coca et l'American Way Of Life… tout ça, c'est la face exposée de l'Amérique. Celle de Chalumeau est plus intime, surtout plus sincère. Elle fait invariablement songer au Short Cuts de Raymond Carver filmé par Robert Altman ou à Night on Earth de Jarmusch.

Fuck, c'est Tud, fou de rock qui se fait bizuter par des WASPs qui lui reprochent d'aimer le noir et la musique qui va avec. C'est Kool Bobby, rappeur bagousé portant bob Kangol même au lit, qui voit des chiens aux yeux rouges et se remet à bégayer. C'est Blanchette, qui fugue, parce que sa ville est plus chiante qu'un dimanche en famille. C'est Vance, le hardeux superstar qui finit par se retourner sur la vacuité de sa vie. C'est Jenny, la fille du producteur, qui, entre crack-party et dîner de charité, pleure son anniversaire que personne ne lui souhaite. Fuck, c'est des références à Spinal Tap, à Toxic Avenger, à une contre culture qui s'exprime du bout des lèvres. Mais Fuck, c'est aussi une déclaration d'amour au rock. Au rock des débuts, nourri au sein du blues. Fuck, c'est l'Amérique des Hill Billys (crétins des Alpes en français) qui se récite ses maux comme on panse ses plaies. Fuck, c'est tout simplement un excellent livre. Depuis, Laurent Chalumeau a écrit un deuxième roman : Anne Franck 2, le retour. Toujours chez Grasset.

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